Le premier thé de l’humanité : à quoi ressemblait-il vraiment ?

Le premier thé de l’humanité : à quoi ressemblait-il vraiment ?

Sep 29, 2025BELLAT ELISE

Depuis des siècles, le thé nous accompagne au quotidien. Que ce soit pour bien commencer la journée, se réchauffer l’hiver ou partager un moment convivial, il est devenu un rituel universel. Mais si l’on remonte dans le temps, une question fascinante se pose : à quoi ressemblait le tout premier thé de l’humanité ? Était-il proche de celui que nous buvons aujourd’hui, raffiné et délicatement parfumé, ou bien une boisson brute, presque médicinale ?

Dans cet article, nous allons plonger dans les origines mystérieuses du thé, entre légendes, découvertes archéologiques et hypothèses scientifiques, pour tenter de retracer le portrait du tout premier breuvage infusé par l’être humain.


🌱 Les légendes fondatrices : un empereur, une feuille, et le hasard

Le récit le plus connu vient de Chine, berceau incontesté du thé. La légende raconte que vers 2737 avant J.-C., l’empereur Shennong, grand herboriste et père mythique de la médecine traditionnelle chinoise, faisait bouillir de l’eau quand une feuille portée par le vent tomba dans sa tasse. Intrigué, il goûta cette infusion par hasard… et découvrit une boisson à la fois parfumée et revigorante.

Évidemment, difficile de vérifier la véracité d’une telle histoire. Mais ce récit met en avant deux éléments clés :

  • le hasard, moteur de nombreuses découvertes gastronomiques,

  • la curiosité humaine face aux plantes, toujours prête à tester leurs saveurs et leurs effets.

En parallèle, d’autres légendes circulent. Au Japon, on attribue l’introduction du thé au moine bouddhiste Eisai, qui aurait rapporté les premières graines de Chine au XIIe siècle. En Inde, certains récits évoquent le prince Bodhidharma, méditant face à sa fatigue, qui aurait mâché des feuilles de thé pour rester éveillé.

Si les versions diffèrent, toutes s’accordent sur une chose : le thé n’est pas né comme une boisson de plaisir, mais comme un remède médicinal, un élixir de vitalité.


🔎 Les premières traces historiques et archéologiques

Si l’on quitte le domaine des légendes pour celui de l’histoire, que sait-on réellement ?

En Chine : la boisson des moines et des guérisseurs

Les plus anciennes preuves tangibles d’utilisation du thé remontent à la dynastie Han (206 av. J.-C. – 220 ap. J.-C.). Des textes médicaux mentionnent déjà l’usage des feuilles de Camellia sinensis pour stimuler l’esprit et soigner certains maux. Mais à cette époque, il ne s’agissait pas de “thé” tel que nous l’imaginons aujourd’hui. Les feuilles étaient souvent broyées, mélangées à de l’eau bouillante, parfois agrémentées d’épices ou de céréales.

Une découverte au Tibet

En 2016, des chercheurs chinois ont mis au jour dans la tombe d’un empereur de la dynastie Han des résidus végétaux. L’analyse au microscope a confirmé qu’il s’agissait de théier. Ce thé daterait d’il y a plus de 2100 ans ! Preuve que le thé circulait déjà dans les sphères impériales et religieuses.

Le thé : un aliment avant d’être une boisson

Encore plus anciennement, certaines populations consommaient le thé non pas infusé, mais mâché cru, bouilli en soupe, ou transformé en pâte compacte. Il servait à la fois de nourriture, de médicament et de boisson. Rien à voir avec l’élégant thé en vrac que nous préparons aujourd’hui.


🧪 Mais à quoi ressemblait-il vraiment ?

Pour se faire une idée du premier thé de l’humanité, il faut combiner archéologie, botanique et logique.

1. Une infusion brute et amère

Le thé d’origine devait être une décoction : on faisait bouillir directement les feuilles dans l’eau, sans filtre, sans sucre, sans arôme ajouté. Le goût devait être amer, végétal, un peu fumé.

2. Une boisson médicinale

Son usage premier était lié à la santé : combattre la fatigue, faciliter la digestion, purifier le corps. Autrement dit, ce premier thé ressemblait davantage à une tisane médicinale qu’à une boisson de détente.

3. Une préparation communautaire

Dans les villages et les monastères, le thé était probablement préparé en grande marmite, partagé entre plusieurs personnes. Un rituel social naissait déjà autour de cette boisson.

4. Pas encore de distinction entre thés verts, noirs ou blancs

Les techniques de fermentation, de séchage et de roulage des feuilles sont apparues bien plus tard, entre la dynastie Tang (618-907) et la dynastie Song (960-1279). Le premier thé était donc vert par défaut, puisque les feuilles fraîches étaient utilisées rapidement après cueillette.


🌍 D’autres “premiers thés” dans le monde

Si la Chine est le berceau historique du thé, d’autres civilisations avaient leurs propres boissons à base de plantes.

  • En Amérique du Sud, les Guaranis consommaient déjà le maté, infusion des feuilles de yerba maté, pour stimuler leur énergie.

  • En Afrique, le rooibos (plante d’Afrique du Sud) était utilisé par les populations locales comme infusion médicinale.

  • En Europe, avant l’arrivée du thé chinois au XVIIe siècle, on buvait déjà des infusions d’ortie, de tilleul, de menthe ou de camomille.

Ces boissons n’étaient pas du thé au sens strict (puisque seul le Camellia sinensis est du “vrai thé”), mais elles montrent que l’idée d’infuser une plante dans l’eau chaude est universelle et très ancienne.


☕ Du premier thé au thé moderne : une évolution millénaire

Étape 1 : le thé bouilli (avant le VIIIe siècle)

Simple décoction de feuilles, souvent amère, réservée à l’usage médicinal.

Étape 2 : le thé compressé (dynastie Tang)

Les feuilles étaient moulues et pressées en galettes, puis râpées et bouillies. C’était plus pratique pour le transport et le stockage.

Étape 3 : le thé en poudre (dynastie Song)

On battait la poudre de thé dans l’eau chaude, une tradition qui inspira le matcha japonais.

Étape 4 : le thé infusé en vrac (dynastie Ming, XIVe siècle)

On commença à simplement infuser les feuilles dans l’eau chaude, comme nous le faisons aujourd’hui.

Chaque étape a transformé le thé en une boisson de plus en plus raffinée, s’éloignant du remède brut pour devenir un plaisir esthétique et social.


🍵 Peut-on recréer le premier thé aujourd’hui ?

C’est une expérience passionnante à tenter pour les amateurs curieux :

  1. Prenez des feuilles de thé vert nature, non aromatisées.

  2. Faites-les bouillir dans une casserole pendant plusieurs minutes (et non infuser doucement comme d’habitude).

  3. Buvez la décoction sans sucre, sans filtre.

Vous découvrirez un goût très végétal, puissant, presque médicinal. Probablement proche de ce que l’on buvait il y a 2000 ans.


✨ Pourquoi cette question nous fascine encore ?

Se demander à quoi ressemblait le premier thé de l’humanité, c’est plus qu’une curiosité historique. C’est aussi :

  • Revenir à l’essence de nos rituels modernes.

  • Se relier à la nature, qui a toujours offert ses plantes pour nourrir et soigner.

  • Comprendre la puissance symbolique d’une simple tasse d’eau chaude et de feuilles.

Ce qui est extraordinaire, c’est que malgré l’évolution du thé au fil des siècles, l’expérience reste la même : prendre le temps de préparer, sentir l’arôme, porter la tasse à ses lèvres et savourer.


🫖 Conclusion : une tasse hors du temps

Alors, à quoi ressemblait le tout premier thé de l’humanité ?
Probablement à une infusion simple, amère, médicinale, partagée entre guérisseurs et voyageurs. Rien à voir avec la diversité et la gourmandise des thés Tea Shop d’aujourd’hui. Et pourtant, le lien est là : chaque tasse que nous buvons aujourd’hui est l’héritière directe de ce geste fondateur.

La prochaine fois que vous dégusterez un Darjeeling raffiné, un Earl Grey parfumé ou une tisane réconfortante, souvenez-vous : vous participez à une tradition millénaire qui a commencé par un simple hasard, une feuille tombée dans de l’eau chaude.


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